La transition énergétique du réseau de bus en Ile-de-France, par Julien Hassanaly

Julien Hassanaly, diplômé du Master Droit, économie, gestion mention Urbanisme et aménagement Parcours Aménagement, villes et territoires du Cnam, aujourd’hui adjoint du directeur du programme de transition énergétique du réseau bus (programme bus2025) à la RATP répond à nos questions.

Quel est l’impact carbone des transports en commun à l’échelle nationale et en Ile-de-France ?

Aujourd’hui, les transports sont responsables d’environ 30% de nos émissions de gaz à effet de serre. Pour les transports en commun, si le ferroviaire (métro, RER, tramway) est aujourd’hui totalement décarboné, ce n’est pas le cas des réseaux de bus qui constituent un important levier de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Environ 10 000 bus circulent en Île-de-France, soit à peu près un tiers des bus urbains français.
Pour tenir nos ambitions et limiter le réchauffement planétaire, il faudra à l’avenir moins se déplacer, en prenant peu ou très peu l’avion par exemple, et mieux se déplacer, en prenant des transports en commun décarbonés et plus écologiques.

Quel est l’objectif du programme bus2025 ?

Initié lors de la COP21 et des accords de Paris en 2015, le programme bus2025 est la plus grande opération de transition énergétique d’une flotte de bus en Europe. Il a pour objectif de convertir l’ensemble des 4700 bus et des 25 dépôts exploités par la RATP pour le compte de l’autorité organisatrice Île-de-France Mobilités à une énergie propre à l’horizon 2025. 50% des dépôts sont convertis à l’électrique, à Paris et en proche couronne, et 50% au biométhane (un gaz issu d’une filière de valorisation des déchets ménagers ou agricoles de production 100% locale), en moyenne couronne.
A terme, il s’agit de diminuer de 80% les émissions de gaz à effet de serre du réseau bus de la RATP, soit 250 000 tonnes de C02 économisées par an. Une grande partie du chemin a déjà été parcouru avec 8 centres bus convertis et 1500 bus propres, électriques ou biométhanes, en circulation sur le territoire francilien.
Le programme représente 1,8 milliards d’euros d’investissement dont 55 millions d’euros de subventions européennes.

Comment s’opère la transition énergétique dans le monde du transport public ?

La métropole parisienne est aujourd’hui en avance et sert d’exemple pour de nombreuses agglomérations françaises ou internationales auxquelles nous prodiguons des conseils à l’occasion. Les bus diesels doivent y disparaître à l’horizon 2026.
La transition énergétique du transport public s’inscrit dans un cadre réglementaire européen, transposé dans le contexte législatif national, qui vise à réduire de 40 % notre consommation globale d'énergie d'ici 2050. D’autres types de mécanismes de régulation entrent en ligne de compte, comme les zones à faibles émissions qui s’imposent progressivement dans les grandes villes françaises.
Un des faits les plus notables est la rencontre actuelle du monde des transport avec celui de l’énergie. Celle-ci fait émerger des nouvelles synergies, comme le bus électrique ou à hydrogène, dans une logique d’apprentissage encore en cours. Nous ne savons pas encore précisément quelles sont les technologies qui s’imposeront demain, selon les différents usages du transport et en fonction des spécificités des territoires, mais une chose est sûre, la transition est engagée.

Quelles sont les grandes étapes qui jalonnent un tel projet ?  Quel y est votre rôle ?

Il s’agit à la fois d’un grand projet industriel, avec l’émergence d’une filière bus électrique, et d’un projet d’infrastructure, au sens plus classique, mené par un maître d’ouvrage public. Un projet de cette envergure se conduit sur une dizaine d’années, depuis les phases d’expérimentation jusqu’à la réalisation des derniers travaux.
Mon rôle est de contribuer à la réussite de cette opération au sein de la direction du programme. Je dois être capable d’intervenir sur tout type de sujet, qu’il s’agisse de l’animation de l’équipe, composée aujourd’hui de 55 personnes, ou de la gouvernance technique, financière et calendaire de l’opération.

Dans quelle mesure la formation que vous avez effectuée au Cnam vous est-elle utile aujourd’hui dans votre quotidien professionnel ? Quelles en sont les applications concrètes ?

Ma formation me confère d’abord une forme de recul sur la transformation des villes et des processus qui s’y jouent. Nous avons de plus en plus besoin, en tant qu’individus, de comprendre le sens de notre action.
Je traite de sujets concrets de procédures administratives pour lesquels ma formation m’est utile. Nos projets donnent par exemple lieu à des enquêtes publiques et des projets de mise en compatibilité de plans locaux d’urbanisme qui requièrent des notions d’urbanisme.